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Siete días de ayer / Sept jours d’hier

Claude Esteban

[Traducción colectiva del Taller de Traducción Literaria de la Universidad de La Laguna]

Un pétalo que cae 
y la suavidad de la palabra 
sol 
están ahí en la mesa, 
todo vuelve a empezar sin mí, sin 
que yo sepa 
dónde brota la sangre, como si 
fuese de día 
muy lejos, allá afuera. 

*

Una astilla, esta brecha 
ínfima en la cabeza y toda la sangre, todo 
el líquido del amor 
se va, detenedlo, decid lo que sea, 
que mañana, que pronto 
puede ser, y que eso 
se detenga, decid, dejadnos luego, 
no es nada, es 
la sangre, en algún lugar, que fluye.

*

Es que estoy esperando, soy yo acaso 
quien espera en la puerta, que sea 
ella y yo esté ante ella, 
nada con que acogerla, sólo 
las manos, que la puerta 
se abra y que ella diga 
que es de noche, que llueve, pero que 
va a quedarse y la mesa 
está ahí, preparada, y yo delante 
igual que quien empieza a impacientarse.

*

A la vuelta de una frase 
reapareces, es el alba en un libro, es 
un jardín, podemos 
verlo todo, el rocío, una 
mariposa en la hoja y eres tú, 
te levantas de pronto entre las páginas 
y el libro se hace más hermoso 
porque eres tú 
y no has envejecido, y andas 
despacio hasta la puerta.

*

Pasos precipitados, el cuerpo 
que cae, 
una puerta que da 
a lo oscuro, y este esfuerzo por 
seguir siendo, como si 
nada hubiera pasado 
y que mañana permanezca, un mañana 
hecho de mucho tiempo 
pero sin zarzas 
ni sangre abierta, ni esos pasos que corren. 

*
 
De pronto, había 
un acantilado en el horizonte, carreteras 
vacías, 
un sol invisible sobre el mar, un rosa 
en las cañas, igual que 
viento sólido, el aire 
se vuelve blanco, había un 
acantilado en ocre con la mano 
que lo inventaba sobre 
un recuadro de tela y tres colores. 

*

Siete días de ayer, siete días 
contados como si 
ya concluido el número 
fijara el tiempo, lo forzara 
a no cavar ya más su entalladura, 
siete días 
que atraviesan los años, y esta voz 
súbita que decide 
que ya basta, es preciso 
contar de otra manera, si eso fuera posible. 

- • -

Un pétale qui tombe 
et la douceur du mot 
soleil 
sont là sur cette table, 
tout 
a recommencé sans moi, sans 
que je sache 
où le sang a jailli, comme 
s’il faisait jour 
très loin, dans le dehors.

*

Un éclat, cette brèche 
infime 
dans la tête et tout le sang, tout 
le liquide de l’amour 
s’en va, arrêtez-le, dites n’importe quoi, 
que demain, que tout à l’heure 
est posible, et que cela 
s’arrête, dites et puis laissez-nous, 
ce n’est rien, c’est 
le sang, quelque part, qui coule. 

*

Est-ce que j’attends, est-ce moi 
qui attend contre la porte, que ce soit 
elle et que je sois devant, 
sans rien pour l’accueillir, juste 
les mains, et que  la porte 
s’ouvre et qu’elle dise 
qu’il fait nuit, qu’il pleut, mais 
qu’elle va rester et la table 
est là toute prête et moi devant 
comme quelqu’un qui s’impatiente un peu.

*

Au détour d’une phrase 
tu reviens, c’est l’aube dans un libre, c’est 
un jardin, on peut 
tout voir, la rosée, un papillon 
sur une feuille et c’est toi 
qui te lèves soudain parmi les pages 
et le livre devient plus beau 
parce que c’est toi 
et tu n’as pas vieilli, tu marches 
lentement vers une porte. 

*
Les pas précipités, le corps 
qui tombe, 
une porte qui donne 
sur le noir et cet effort pour 
être encore, comme si rien 
n’avait eu lieu 
et que demain demeure, demain 
fait de beaucoup de temps 
mais sans les ronces 
ni le sang ouvert, ni aucun de ces pas qui courent.

*

Si je pensais, c’etait une falaise 
à l’horizon, des routes 
vides, 
un soleil invisible sur la mer, ce rose 
dans les rouseaux, comme 
du vent solide, l’air qui devient 
blanc, c’était 
une falaise d’ocre avec la main 
qui l’inventait 
sur un carré de toile et trois couleurs.

*

Sept jours d’hier, sept jours 
comptés comme 
si le nombre enfin clos 
fixait le temps, forçait 
le temps à ne plus creuser son entaille, 
sept jours 
traversant les années, et cette voix 
soudain qui décide 
que c’est assez, qu’il faut compter 
autrement, si l’on pouvait.