Siete días de ayer / Sept jours d’hier
[Traducción colectiva del Taller de Traducción Literaria de la Universidad de La Laguna]
Un pétalo que cae
y la suavidad de la palabra
sol
están ahí en la mesa,
todo vuelve a empezar sin mí, sin
que yo sepa
dónde brota la sangre, como si
fuese de día
muy lejos, allá afuera.
*
Una astilla, esta brecha
ínfima en la cabeza y toda la sangre, todo
el líquido del amor
se va, detenedlo, decid lo que sea,
que mañana, que pronto
puede ser, y que eso
se detenga, decid, dejadnos luego,
no es nada, es
la sangre, en algún lugar, que fluye.
*
Es que estoy esperando, soy yo acaso
quien espera en la puerta, que sea
ella y yo esté ante ella,
nada con que acogerla, sólo
las manos, que la puerta
se abra y que ella diga
que es de noche, que llueve, pero que
va a quedarse y la mesa
está ahí, preparada, y yo delante
igual que quien empieza a impacientarse.
*
A la vuelta de una frase
reapareces, es el alba en un libro, es
un jardín, podemos
verlo todo, el rocío, una
mariposa en la hoja y eres tú,
te levantas de pronto entre las páginas
y el libro se hace más hermoso
porque eres tú
y no has envejecido, y andas
despacio hasta la puerta.
*
Pasos precipitados, el cuerpo
que cae,
una puerta que da
a lo oscuro, y este esfuerzo por
seguir siendo, como si
nada hubiera pasado
y que mañana permanezca, un mañana
hecho de mucho tiempo
pero sin zarzas
ni sangre abierta, ni esos pasos que corren.
*
De pronto, había
un acantilado en el horizonte, carreteras
vacías,
un sol invisible sobre el mar, un rosa
en las cañas, igual que
viento sólido, el aire
se vuelve blanco, había un
acantilado en ocre con la mano
que lo inventaba sobre
un recuadro de tela y tres colores.
*
Siete días de ayer, siete días
contados como si
ya concluido el número
fijara el tiempo, lo forzara
a no cavar ya más su entalladura,
siete días
que atraviesan los años, y esta voz
súbita que decide
que ya basta, es preciso
contar de otra manera, si eso fuera posible.
Un pétale qui tombe
et la douceur du mot
soleil
sont là sur cette table,
tout
a recommencé sans moi, sans
que je sache
où le sang a jailli, comme
s’il faisait jour
très loin, dans le dehors.
*
Un éclat, cette brèche
infime
dans la tête et tout le sang, tout
le liquide de l’amour
s’en va, arrêtez-le, dites n’importe quoi,
que demain, que tout à l’heure
est posible, et que cela
s’arrête, dites et puis laissez-nous,
ce n’est rien, c’est
le sang, quelque part, qui coule.
*
Est-ce que j’attends, est-ce moi
qui attend contre la porte, que ce soit
elle et que je sois devant,
sans rien pour l’accueillir, juste
les mains, et que la porte
s’ouvre et qu’elle dise
qu’il fait nuit, qu’il pleut, mais
qu’elle va rester et la table
est là toute prête et moi devant
comme quelqu’un qui s’impatiente un peu.
*
Au détour d’une phrase
tu reviens, c’est l’aube dans un libre, c’est
un jardin, on peut
tout voir, la rosée, un papillon
sur une feuille et c’est toi
qui te lèves soudain parmi les pages
et le livre devient plus beau
parce que c’est toi
et tu n’as pas vieilli, tu marches
lentement vers une porte.
*
Les pas précipités, le corps
qui tombe,
une porte qui donne
sur le noir et cet effort pour
être encore, comme si rien
n’avait eu lieu
et que demain demeure, demain
fait de beaucoup de temps
mais sans les ronces
ni le sang ouvert, ni aucun de ces pas qui courent.
*
Si je pensais, c’etait une falaise
à l’horizon, des routes
vides,
un soleil invisible sur la mer, ce rose
dans les rouseaux, comme
du vent solide, l’air qui devient
blanc, c’était
une falaise d’ocre avec la main
qui l’inventait
sur un carré de toile et trois couleurs.
*
Sept jours d’hier, sept jours
comptés comme
si le nombre enfin clos
fixait le temps, forçait
le temps à ne plus creuser son entaille,
sept jours
traversant les années, et cette voix
soudain qui décide
que c’est assez, qu’il faut compter
autrement, si l’on pouvait.