Bores | Mallarmé
Inspiración superpuesta
En el tremor de la II Guerra Mundial, en 1943, el editor y crítico de arte Tériade proyectó para la editorial Verve un libro de artista. Para ello, encargó a Francisco Bores, pintor español de la Escuela de París, una serie de litografías que ilustraran las metáforas eróticas de Stéphane Mallarmé. Este singular proyecto se dio a conocer al público casi un siglo después gracias a una exposición del CBA. El poema La siesta del fauno, en versión española de los poetas Antonio y Amelia Gamoneda, nos produce en el siglo XXI la misma fascinación estética que sirvió de inspiración a Édouard Manet, Claude Debussy o Vaslav Nijinsky.
Le Faune
Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeils touffus.
Aimai-je un rêve ?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses –
Réfléchissons …
ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux !
Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste :
Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison ?
Que non ! par l’immobile et lasse pâmoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il lutte,
Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé d’accords ; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie aride,
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride,
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, qui regagne le ciel.
Ô bords siciliens d’un calme marécage
Qu’à l’envi de soleils ma vanité saccage,
Tacites sous les fleurs d’étincelles, contez
« Que je coupais ici les creux roseaux domptés
» Par le talent ; quand, sur l’or glauque de lointaines
» Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
» Ondoie une blancheur animale au repos :
» Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux,
» Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
» Ou plonge … »
Inerte, tout brûle dans l’heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d’hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m’éveillerais-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l’un de vous tous pour l’ingénuité.
Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;
Mais, bast ! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l’azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long, que nous amusions
La beauté d’alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l’amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.
Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses ; et, par d’idolâtres peintures,
A leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers.
Ô nymphes, regonflons des souvenirs divers.
« Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure
» Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
» Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
» Et le splendide bain de cheveux disparaît
» Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
» J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent (meurtries
» De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
» Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ;
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
» A ce massif, haï par l’ombrage frivole,
» De roses tarissant tout parfum au soleil,
» Où notre ébat au jour consumé soit pareil. »
Je t’adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse
Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille ! la frayeur secrète de la chair :
Des pieds de l’inhumaine au cœur de la timide
Qui délaisse à la fois une innocence, humide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
« Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
» Traîtresses, divisé la touffe échevelée
» De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée ;
» Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
» Sous les replis heureux d’une seule (gardant
» Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
» Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
» La petite, naïve et ne rougissant pas : )
» Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
» Cette proie, à jamais ingrate se délivre
» Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre. »
Tant pis ! vers le bonheur d’autres m’entraîneront
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
A l’heure où ce bois d’or et de cendres se teinte
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant ses talons ingénus,
Quand tonne une somme triste ou s’épuise la flamme.
Je tiens la reine !
Ô sûr châtiment …
Non, mais l’âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !
Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins.
El Fauno
Versión castellana de Antonio y Amelia Gamoneda
Tan leve
es su rosada carne, que se cierne
en el aire adormecido por el espesor de los sueños.
¿He amado yo, pues, un sueño?
Mi incertidumbre, mi viejo cúmulo de oscuridad, se agota
en el sutil ramaje que aún es materia de los bosques. Ahora sé
que sólo yo, ¡qué desdicha!, entendí como un triunfo
la traición ideal de las rosas.
Reflexionemos…
Fauno, quizá esas mujeres de que hablas
no sean otra cosa que un deseo de tus delirantes sentidos.
Como un manantial de llanto, la ilusión se desprende
de los ojos fríos y azules de la más casta,
¿y dices tú que la otra, la que se deshace en suspiros, se adentra
como una cálida brisa en tu pelambre? Pues no:
aunque aún la fresca mañana se esfuerce en que el creciente calor
no le imponga inmovilidad ni desmayo,
no existe otro rumor de aguas que el que mi flauta vierte
regando con sus acordes la arboleda. Y,
si el exhalado es un aire ajeno a mis cánulas
que dispersa su sonido como una lluvia estéril, será,
ante un horizonte de inconmovible lisura,
el sensible, plácido y artificial aliento
de una inspiración que retorna a su origen.
Ah bordes sicilianos de la tersa laguna
que, calladamente, mi vanidad, oculta bajo deslumbrantes flores,
despoja rivalizando con el sol, decid
que yo estaba aquí cortando las vacías cañas
que el arte toma para sí, cuando,
sobre el oro glauco de una vegetación lejana
que acerca los viñedos a las fuentes,
vi temblar la quietud de una animal blancura,
y que, al brotar el lento preludio de los caramillos,
un vuelo, no de cisnes sino de náyades, se elevaba
o se hundía…
Inerte, todo se abrasa en la hora candente,
sin declarar el artificio por el que, al unísono, se desvaneció
tanto himeneo deseado por el buscador de armonías.
Quizá, como un lirio erguido y solitario
bajo las oleadas de una antigua luz,
despierte yo a aquel fervor primero
y me haga semejante a vosotros en la ingenuidad.
Más allá de la suave vaciedad desprendida de sus labios,
de ese beso que calladamente las delata en su perfidia,
mi corazón, aunque sin pruebas, da fe
de la misteriosa dentellada de una boca augusta.
¡Pero basta! El arcano eligió por confidente
a la gruesa, doble caña tañida bajo el inmenso azul,
que, advirtiendo la turbación de mi rostro,
sueña, en un largo solo musical,
que atraemos a la belleza con falsedad, confundiéndola
en la inocencia de nuestro cántico,
y que, con tanta altura como la pasión sentida,
una vana y monótona sonoridad emana
de mi sueño carnal, de la espalda y del delicado perfil
que yo veo con los ojos cerrados.
Trata, pues, oh instrumento de las fugas, oh perversa Siringa,
de florecer de nuevo en la orilla de los lagos en que me esperas.
Yo, orgulloso de mi música, continuaré hablando de las diosas
y, en idílicas escenas, desciñendo sus sombras.
De igual manera, cuando libo el fulgor suculento de la vid
para desvanecer un pesar fingido por mi pensamiento,
ofrezco alegremente al cielo estival el racimo agotado,
y, poniendo mi aliento en sus pieles luminosas, ávido
de ebriedad, miro a través de ellas hasta que llega la noche.
Oh ninfas, demos vida a algunos recuerdos.
Mis ojos, atravesando juncos, se prendían
en cuellos inmortales que aliviaban su ardor en las aguas
y hendían con penetrantes gritos
la culminación celeste de los bosques.
El esplendor de los bañados cabellos se desvanecía
en claridades temblorosas, ¡oh pedrería refulgente!
Me acerqué y, de pronto, a mis pies, entrelazadas,
azarosamente reunidas por sus brazos, vi a las durmientes
lánguidamente heridas por el doloroso placer de ser dos y no una.
Y las rapté sin separarlas. Volamos
a un macizo de rosas que, desdeñadas por la indiferencia de la sombra,
entregaban su perfume al sol allí, donde
nuestro retozo se hiciera semejante a la plenitud del crepúsculo.
Yo adoro el furor de las vírgenes, la salvaje delicia
de la desnuda y divina carga que, incorporándose
al temblor de un relámpago, huye,
hurta a mis encendidos y sedientos labios
el temor secreto de la carne. Así es
desde los pies de la más cruel hasta el corazón de la más tímida,
a la que ya abandona su inocencia, húmeda
de enloquecidas lágrimas, o, quizá, a causa
de otras emanaciones menos tristes.
Feliz por haber vencido falsos temores, mi crimen no fue otro
que romper el enmarañado manojo de los besos
que los dioses mantenían apretadamente urdido.
Cuando me disponía a ocultar mi hirviente gozo
bajo los graciosos pliegues de la primera y más cruel
(acariciando con un solo dedo a la otra, a la pequeña, ingenua
y ajena al rubor, a fin de que su inocente blancura
se tiñese de la encendida pasión de su hermana),
mi amorosa presa, infinitamente ingrata,
abandonó mis brazos debilitados por el tempestuoso tránsito
sin apiadarse de mi aún sollozante ebriedad.
¡Qué importa! Otras me conducirán a la dicha
anudando su trenza a los cuernos de mi frente.
Pasión mía, tú sabes que, purpúreas y maduras,
las granadas estallan en un rumor de abejas
y que nuestra sangre, prendada de quien va a hacerla suya,
se entrega al eterno enjambre del deseo.
En la hora en que este bosque se tiñe de oro y ceniza,
estalla una fiesta en la apagada arboleda.
¡Etna!, cuando, visitada por Venus,
sobre tu lava se posan sus inocentes plantas,
retumbas tristemente o se extingue tu llama. Entonces,
¡yo hago mía a la reina!
Oh seguro castigo…
No,
no es eso: son el alma vacía de palabras y este pesado cuerpo
los que tardan en sucumbir al gran silencio del mediodía.
Está claro: necesito descansar en el olvido de la blasfemia,
yacer sobre la removida arena y, a placer, libremente,
abrir, ofrecer mi boca al poderoso astro de la ebriedad.
Adiós, ninfas: me voy
a contemplar la sombra en que os habéis convertido.
30.10.12 > 20.01.13
COMISARIO JAVIER ARNALDO
ORGANIZA CBA • SUBDIRECCIÓN GENERAL DE LAS BELLAS ARTES DEL MINISTERIO DE EDUCACIÓN, CULTURA Y DEPORTE • ACCIÓN CULTURAL ESPAÑOLA (AC/E)